Ce qu'il faut savoir de l'Inde pour négocier lors d'une conférence climatique.
Sommaire
##Données principales
Emissions cumulées de CO2 de 1850 à 2010 : 33 720,36 Mt CO2
Emissions par habitant : 1,7 tonnes
PIB/hab et/ou IDH : 1 165 $ et 0,586
Vulnérabilité aux dérèglements climatiques
Les grands impacts des changements climatiques à prévoir sur le territoire indien concernent :
- la hausse du niveau des mers ;
- la sécheresse, la contamination des nappes phréatiques en raison de la hausse du niveau des mers, la perte de nappe phréatique due aux activités agricoles et la fonte des glaciers de montagne : impact sur les réserves d’eau douce ;
- le déclin de la productivité agricole ;
- les effets sur la santé ;
- les hausses des événements météorologiques extrêmes : moussons, cyclones.
Alliances au sein de la CCNUCC : BASIC, G77+Chine
##Données générales
Nature du régime : République fédérale (régime parlementaire)
Plusieurs états (28 états et 7 territoires)
Chef d’Etat : Président Pranab Mukherjee (depuis le 25 juillet 2012). Elu par le parlement pour 5 ans.
Chef du gouvernement : Narendra Modi (premier ministre depuis le 26 mai 2014)
##Données économiques
PIB (dollar constant, base 2005) : 1 458 737 944 172 en 2013 (BM)
PIB/hab (dollar constant, base 2005) : 1165 en 2013 (BM)
Aide Publique au Développement (récepteur) : « net official development assistance received » (constant US$ 2011) 1 691 180 000 en 2012 (BM)
Taux de chômage (% de la population active) : 3,6% en 2012 (BM)
Part de la population vivant avec moins de 2$ par jour (% de la population) : 19,7% en 2011 (BM)
IDH : 0,586 en 2013 PNUD (128ème mondial)
Part du budget de l’armée (millions de dollar / an et % du PIB) : 2 777 000 000 000 et 2,4% en 2013 (BM)
L’Inde est un pays émergent.
##Données démographiques
Superficie : 3 287 263 km2 (6 fois la France - 7ème pays du monde)
Population : 1 252 139 596 (en 2013 - 2ème rang mondial)
Indice de fécondité : 2,51 en 2014 (statistiques-mondiales.com)
Espérance de vie à la naissance : 66 ans en 2012 (BM)
Estimations démographiques à 2030 ou 2050 : 1 620 millions en 2050 (iNSEE)
##Données géographiques et géopolitiques
Caractéristiques géographiques du pays
- Climat (aride, tempéré, etc.)
Le climat en Inde est fortement influencé par l’Himalaya et le désert du Thar. Les massifs constituent une barrière naturelle arrêtant les vents froids venant d’Asie centrale, maintenant des températures plus élevées que dans la plupart des lieux situés aux mêmes latitudes. Le désert de Thar attire les vents de mousson chargés d’humidité qui sont responsables de la plus grande partie des précipitations en Inde. La grande superficie de l’Inde est responsable de la multitude de climats du pays. Le climat indien varie du climat tropical au sud à un climat tempéré au nord avec un climat polaire dans certaines régions de l’Himalaya.
- Disponibilité en eau
L’Inde est considérée comme une région de stress hydrique avec seulement 1122 m3/an/habitant disponible, la norme internationale standard étant située à 1700 m3/an/habitant. Dans l’avenir, et au rythme de la consommation actuelle, l’Inde, dont les besoins sont croissants, deviendra une région en pénurie hydraulique avec une quantité d’eau douce disponible inférieure à 1000 m3/an/habitant. L’agriculture est le premier secteur de consommation d’eau avec 83% de l’utilisation en eau et favorise fortement ce stress hydrique.
Pays frontaliers :
Pakistan, Chine, Bangladesh, Myanmar, Népal, Bhoutan et Afghanistan.
Vulnérabilité aux dérèglements climatiques (inondations, fonte des glaces)
Le changement climatique aura des effets désastreux en Inde. L’Inde étant un pays avec beaucoup de zones côtières, et une population majoritairement rurale et pauvre, la hausse de la température engendrerait un impact sur les cultures, comme le riz et qui entraînerait une baisse du PIB, la hausse du niveau de la mer engendrerait le déplacement de populations en raison de la submersion de certaines zones et enfin le pays ferait face à la multiplication des catastrophes naturelles, l’augmentation des inondations, la fonte des glaces d’Himalaya.
Vulnérabilité aux autres catastrophes naturelles (cyclone, mousson, sécheresses, tremblements de terre, tempêtes de sable)
L’Inde est très exposée aux catastrophes naturelles qui causent de lourdes pertes matérielles et humaines : la sécheresse, les inondations dont celles dues aux pluies de mousson, les cyclones et enfin les tremblements de terre. Il y a également des tempêtes de sable.
En savoir plus
Les enjeux du changement climatique en Inde - Une grande vulnérabilité aux impacts du changement climatique.
##Données forestières et agricoles
Surface boisée du pays (% de la surface totale) : 23,1% en 2012 (BM) - 10ème pays le plus boisé.
Taux de déforestation (ha/an) : -5,9% entre 1990 et 2005 (rainforests.mongabay.com)
Existence de programmes de lutte contre la déforestation/ de reforestation :
La déforestation et la dégradation des forêts se font essentiellement au travers de l’expansion de l’agriculture, le développement d’infrastructures, de feux, correspondant à 20% des émissions du pays. Cela représente plus que le secteur des transports et seul le secteur de l’énergie émet plus de GES. Le Plan d’Action National du gouvernement indien sur le changement climatique prévoit un accroissement de la surface des forêts de 23% (actuellement à 33%) et de re-forester 6 millions d’hectares de terres forestières qui ont été dégradées. Bien que le pays ne soit pas sous le programme REDD+, il est en discussion depuis le début de l’année 2014 pour en faire partie car il est le 10ème pays en termes de surface de forêts ; 300 millions d’indiens dépendent financièrement de la gestion de la forêt.
Application du programme REDD+ sur le territoire :
A ce jour, l’Inde n’est pas un pays bénéficiaire du programme REDD+
Pourcentage de la population active dans le secteur agricole (% de la population active totale) : 47% en 2012 (BM)
Surface agricole (% de la surface totale) : 60,3% en 2012 (BM)
Pour approfondir :
- La stratégie politique indienne face au dérèglement climatique dans le secteur agricole - Une agriculture entre forces et faiblesses.
- Les défis de l’agriculture indienne face au changement climatique - Réduction des émissions des gaz à effet de serre et tension sur la sécurité alimentaire.
##Énergie
Mode de production d’énergie :
Télécharger la figure 1
Source : International Energy Agency (iea) - www.iea.org (indicateurs indiens)
Réserves de sources d’énergie non-renouvelables en fin-2008 (worldenergy.org)
- charbon : 60 600 millions de tonnes ;
- huiles brutes et gaz naturels liquides : 740 millions de tonnes et 5 836 millions de barils ;
- gaz naturel : 1 074 milliards de m3
Données complémentaires :
Le mix énergétique indien - Contexte actuel et évolution du bouquet énergétique.
##Gaz à effet de serre (GES)
Année de référence : 2010
Émissions de CO2 en 2010 (kilotonnes) : 2 008 823 (BM)
Émissions de CO2 en 1990 : 793 490 en 1994 (UNFCCC)
Émissions cumulées CO2 1850-2010 : 33 720,36 Mt CO2
Émission de CO2 par habitant (t/hab) : 1,7 (BM)
Émissions de CH4 en 2010 (kt CO2 eq) : 621 480 (BM)
Émissions de N2O en 2010 (kt CO2 eq) : 234 136 (BM)
Émissions des autres GES (HFC, PFC et SF6) en 2010 (kt CO2 eq) : 20 937 (BM)
Émissions totales (kt CO2 eq) : 2 885 376 (BM)
Tableau des émissions de GES
GES (2010) | Total | CO2 | CH4 | N2O | Autre GES (HFC, PFC, HF6) |
---|---|---|---|---|---|
kt CO2eq | 2 885 376 | 2 008 823 | 621 480 | 234 136 | 20 937 |
% du total | 100 | 69,62 | 21,54 | 8,11 | 0,73 |
Données complémentaires :
Les émissions cumulées de CO2 par l’Inde de 1850 à 2010
Quatre représentations issues du World Resources Institue (WRI)
##Présentation du Plan d’action national sur le changement climatique
Source : http://www.c2es.org/international/key-country-policies/india/climate-plan-summary
L’Inde refuse de se voir imposer des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, considérant que cela serait un frein à sa croissance économique. Elle s’est tout de même engagée à réduire sa quantité de gaz à effet de serre émise par point de PIB de 20 à 25% d’ici 2020, par rapport à 2005.
L’Inde s’intéresse fortement aux énergies propres et met en place de nombreux projets d’énergie hydroélectrique, éolienne ou solaire.
L’Inde est un modèle de sobriété énergétique malgré sa forte croissance économique, malgré une trop forte dépendance au charbon et pétrole. Le plan national sur le changement climatique comprend huit composantes sur des mesures d’atténuation et d’adaptation ayant pour objectifs, entre autres, de :
- protéger les catégories pauvres et vulnérables de la société par une stratégie de développement inclusive et durable, sensible au changement climatique ;
- mettre en place des stratégies efficaces et rentables de gestion de la demande ;
- créer des technologies appropriées pour l’adaptation et l’atténuation au changement climatique ;
- inventer de nouvelles formes de marché, des mécanismes de régulation et volontaires pour promouvoir le développement durable.
Huit missions nationales ont été définies : solaire, amélioration de l’efficacité énergétique, habitat durable, eau, protection de l’écosystème himalayen, Inde verte, agriculture durable et savoir stratégique sur le changement climatique.
Missions du Plan d’action national sur la réduction des émissions des gaz à effet de serre
Mission nationale | Objectif | Responsable |
---|---|---|
Solar | 20 GW PV en 2020 | Ministry of New & Renewable Energy |
For Enhanced Energy Efficiency | 10 GW d’efficacité énergétique en 2020 | Ministry of Power |
For Sustainable Habitat | Efficacité énergétique dans le résidentiel, le tertiaire, les transports publics et la gestion des déchets | Ministry of Water Resources |
Mise en oeuvre : L’Inde promet des technologies propres - Équation difficile pour le troisième pays émetteur de gaz à effet de serre
Principales initiatives indiennes sur l’adaptation aux changements climatiques
Mission nationale | Objectif | Responsable |
---|---|---|
Water | Conservation de la ressource en eau et gestion des bassins fluviaux | Ministry of Water Resources |
For Sustaining the Himalayan Ecosystem | Conservation et adaptation, monitoring des glaciers | Ministry of Science & Technology |
For a Green India | 6 millions d’hectares d’afforestation sur terres dégradées à la fin du 12ème plan | Ministry of Environment & Forests (MoEF) |
For Sustainable Agriculture | Gestion des risques, et recherche en agriculture | Ministry of Agriculture |
Mise en place d’un savoir stratégique sur le dérèglement climatique
Mission nationale | Objectif | Responsable |
---|---|---|
on Strategic Knowledge for Climate Change | Evaluation de la vulnérabilité, recherche et gestion des données | Ministry of Science & Technology |
Exemple : La ville indienne de Surat - Laboratoire de l’adaptation au changement climatique.
##Au sein de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
Appartenance à une alliance au sein de la CCNUCC : BASIC, G77 + Chine
Pays alliés, participants à la simulation, du fait de ces alliances : Brésil, Chine, Bangladesh, Philippines, Sénégal, Maldives
Engagement sur la 2ème phase du protocole de Kyoto (2012-2020) (oui/non) : Non
Protocole de Kyoto
- Première partie - Dix ans après l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto - Tout reste à faire.
- Deuxième partie - Les 10 ans du protocole de Kyoto - Quel bilan ?
Position politique dans les négociations
Depuis les années 1990 et au début des années 2000
L’Inde a depuis les années 1990 connu une croissance économique grandissante et est à ce jour l’un des pays avec l’une des croissances économiques les plus importantes. Par conséquent ses émissions de GES ont également fortement augmenté.
En parallèle, l’Inde est un des pays les plus vulnérables au changement climatique et il est donc naturel qu’il soit devenu l’un des acteurs clé, un des acteurs les plus indispensables dans les négociations climatiques internationales.
La position sur la politique climatique internationale de l’Inde au début des processus des négociations était basée sur la responsabilité des Etats en fonction de leurs émissions par habitant, la responsabilité historique et la capacité économique. L’Inde réclamait des engagements obligatoires pour l’atténuation pour les pays industrialisés et rien pour les pays non-industrialisés, sans compromis ni mécanismes de compensation financière.
Au début des années 2000, l’Inde a maintenu son opposition aux mécanismes de marché mais est rapidement devenue un leader dans les mécanismes de développement propre une fois ceux-ci adoptés et mis en place.
En 2007, le GIEC a reçu le prix Nobel de la paix et c’est un indien qui en est le président, Pachauri.
En 2008, le pays met en place un plan d’action national sur le changement climatique, notamment des actions pour atténuer les émissions.
En 2009, l’Inde devient un des piliers des négociations climatiques et un membre important du groupe BASIC en délaissant quelque peu le groupe G77+Chine.
Les diplomates indiens ont des stratégies variées en proposant souvent de nouvelles solutions dans l’intérêt de tous et en critiquant les positions des autres Etats, demandant des concessions et ignorant les demandes qui leur sont faites.
Source : India, Russia, AOSIS: Evolving strategies in the climate change negotiations University of Zurich, Center for Comparative and International Studies (CIS); Bonn, 19 May 2012
2011 : Durban
Pour l’Inde, il n’y a pas de nouvel accord à définir pour la responsabilité commune mais différenciée car il existe déjà sous la CCNUCC et le Protocole de Kyoto.
Les pays développés ne sont pas allés assez loin pour couvrir leur part de responsabilité et les pays en développement ont besoin de se développer librement.
Lors des discussions de Durban, l’Inde faisait partie des pays bloquant et avait une position très néfaste pour les pays pauvres d’Afrique. L’Inde était contre la proposition de mettre en place un nouvel instrument qui soit légalement contraignant et applicable à l’ensemble des pays en respectant le principe de responsabilité commune mais différenciée.
Connie Hedegaard, la Commissaire de l’UE pour le climat, sous-entendait que la position indienne était inflexible de façon déraisonnée.
La première ministre indienne lui a répondu qu’elle ne voulait pas signer un accord immédiatement qui mettait en cause les droits de plus d’1,2 milliards de personnes et elle demanda le droit pour son peuple de se développer et éradiquer la pauvreté.
Le manque de clarté et la pauvre communication ont porté défaut à l’Inde qui n’a pas réussi à mettre en avant sa position en tant que l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique et un pays avec de faibles émissions par habitant. Combiné au manque de productivité pour faire de l’équité l’aspect central des négociations, cela résulte en une isolation et défaite de la délégation indienne à Durban.
Source : http://www.iied.org/india-un-climate-negotiations-back-wall
2014 : Lima
Fin 2014, avant la COP20 à Lima, l’Inde et les US se sont entendus sur les termes d’un nouveau partenariat stratégique sur la sécurité énergétique, l’énergie propre et le changement climatique en reconnaissant l’importance de la réduction des émissions de GES et l’amélioration de la résilience face au changement climatique.
L’Inde s’engage à travailler sur la réussite de la COP21 à Paris incluant la création d’un nouvel accord global sur le changement climatique. Le partenariat mené avec les US est une avancée et les discussions et aboutissements sur de nombreux sujets évoqués, un espoir pour les prochaines négociations sur le climat en 2015.
Source : http://indiaclimatedialogue.net/2014/10/01/modi-obama-back-success-2015-climate-treaty/
2015 : de Lima à Paris
A Lima, l’Inde se positionne toujours sous le principe d’équité et de responsabilité commune mais différenciée comme étant la base de l’accord global qui sera défini à Paris.
La délégation indienne estime que les pays historiquement pollueurs doivent se partager les efforts à fournir en termes de mesures d’atténuation et d’adaptation pour atteindre les objectifs contrairement aux pays en développement et aux pays en économie croissante.
L’Inde s’engage donc à travers son plan national et diverses mesures environnementales sur son territoire mais refuse de se voir contraindre à un accord global à Paris.
Pour ce pays, seuls les pays développés doivent être contraint à réduire leurs émissions.
Source : auteur
Actualités
Paris convaincu que l’Inde contribuera au succès de la COP 21
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