##Le paysage énergétique de l’Inde
Contexte actuel
Aujourd’hui, l’Inde est le 5ème consommateur d’énergie primaire mondial malgré une consommation d’énergie par habitant parmi les plus faibles du monde.
Sa croissance économique se situe entre 7% et 10% et sa croissance démographique est de 2%.
Ces facteurs impliquent une forte croissance de la demande énergétique. La consommation en énergie primaire a déjà été multipliée par 5 sur les 30 dernières années et ce phénomène devrait encore s’accentuer. Il en résulte une très forte pression sur les ressources. Ainsi, une bonne partie des centrales au charbon du pays ne dispose que de 7 jours de stocks de production ou moins .
Dans ce contexte, comment l’Inde répond-elle à ce besoin croissant en énergie ?
Le mix énergétique indien en énergie primaire reste, en 2012, fortement dominé par la filière charbon. Son utilisation finale a subi d’importantes mutations depuis les années 1970. Auparavant fortement employé dans le transport ferroviaire, la majorité du charbon est aujourd’hui destiné à la production d’électricité.
Cette spécificité du mix énergétique indien repose sur le fait que l’Inde possède ses propres ressources en charbon, localisées majoritairement dans l’Est.
Malgré ces efforts, et par manque d’investissements, l’Inde ne produit que 5,6% de la production mondiale de charbon alors qu’elle compte pour 7,9% de la consommation mondiale.
Les ressources en charbon sont localisées à l’Est du pays et le potentiel hydroélectrique dans les montagnes du Nord et du Nord-Est, tandis que les centres importants de consommation sont au Nord-Ouest et au Sud. Le potentiel d’énergies renouvelables est localisé, sans grande surprise dans les déserts du nord-est ou dans le sud fortement ensoleillé et océanique.
##Des besoins sans cesse croissants : évolutions du paysage énergétique indien
Dans ses objectifs pour le 12ème plan quinquennal, le gouvernement indien estime devoir ajouter 90GW de puissance électrique installée pour satisfaire la croissance de la demande.
Quelles sources d’énergie peuvent répondre à cette demande indienne de nouvelle capacité installée ?
L’embargo sur la technologie nucléaire ayant été levé en 2008, de nombreux pays fournisseurs se sont alors positionnés sur ce marché, y compris la France avec l’EPR. L’Inde espère ainsi faire passer la part du nucléaire à 9% du mix électrique d’ici à 2035. Suite à l’accident de Fukushima, des voix commencent cependant à s’élever contre le nucléaire en Inde. Certains Etats indiens ont ainsi rejeté des projets de centrales nucléaires.
Le 12ème plan quinquennal prévoit également l’installation de plus de 25GW2 de moyens de production hydroélectriques, en grande majorité situés dans les Etats du Nord constituant les contreforts de l’Himalaya. Ces grands projets rencontrent aujourd’hui des difficultés de mise en œuvre liées à des questions techniques ou d’acceptation locale, mais également de corruption.
De plus, le potentiel solaire en Inde est très important notamment dans les déserts de l’Ouest ou dans le Sud. Le gouvernement indien compte s’affirmer en leader du secteur et a lancé, en 2012, la « Jawaharlal Nehru Solar Mission » qui vise à installer 22GW de capacité de production d’énergie solaire supplémentaire d’ici à 2022, en trois phases. La première phase s’est achevée en 2013 avec la répartition égale entre des centrales solaires photovoltaïques et solaires thermiques connectées au réseau. Durant cette phase, des moyens de production décentralisés avec solutions de stockage en zone rurale ont été également expérimentés pour répondre à la demande dans les zones encore non connectées.
La filière charbon reste cependant à court terme une solution incontournable pour satisfaire ses besoins toujours grandissants en capacité installée et en production électrique. Le ministère de l’électricité a donc lancé des concessions pour d’importantes centrales au charbon dénommées les « Ultra-Mega Power Plants ». Ces centrales se situeraient à proximité des mines de charbon de l’Est pour produire à partir de mines captives ou sur le littoral pour fonctionner à partir de charbon importé (d’Indonésie notamment par des partenariats très longue durée).
En énergie primaire, et d’après les prévisions de l’AIE, le mix énergétique indien ne devrait donc pas subir de modifications majeures. Les efforts d’intégration d’énergies renouvelables sont en effet absorbés par la forte croissance de la demande. Le nucléaire semble cependant pouvoir jouer un rôle grandissant dans le mix énergétique indien à cet horizon.
##Ce qu’il faut retenir pour négocier sur le changement climatique
En Inde, la diversification du mix énergétique est l’un des principaux objectifs de la politique énergétique indienne. Le charbon devrait rester la principale ressource de par son faible coût à l’installation, mais, les énergies renouvelables (en particulier l’hydroélectricité et le solaire) ainsi que le nucléaire sont les réponses envisagées par le gouvernement pour répondre à la demande croissante. Ces dernières années, l’intensité carbone du bouquet énergétique indien a augmenté, conséquence directe du développement économique du pays.
###Mot clé
Mix énergétique (ou bouquet énergétique) : répartition des différentes sources d’énergies primaires consommées pour la production des différents types d’énergies. Le Mix énergétique se compose des sources d’énergie suivantes :
- sources d’énergies non renouvelables : énergie nucléaire, charbon, pétrole, gaz naturel, gaz de schiste
- sources d’énergies renouvelables : hydroélectricité, biomasse, énergie éolienne, énergie solaire thermique, énergie solaire photovoltaïque, géothermie, hydrogène.
En savoir plus : Qu’est-ce que le mix énergétique ?
###Crédits textes et illustrations
Panorama du paysage énergétique de l’Inde
Source : energie.sia-partners.com
Des besoins sans cesse croissants : évolutions du paysage énergétique indien
Source : energie.sia-partners.com